Le voilement
("esther")
Esther
est qualifiée
de prophétesse, ce qui
n’est pas le cas de Mardochée.
De même, le livre porte son
nom et pas celui
de son tuteur.
Il semble
donc que le personnage
d’Esther prenne le pas sur le celui de
Mardochée, autrement dit que ce qui est caché
soit plus important que ce qui
est manifeste.
Ce nom
Esther
signifie
"le voilement,
ce qui est caché"
Bien qu’elle soit cachée
au fond du palais, où, de plus,
elle cache sa véritable identité), c’est sur elle
que repose la délivrance. Il existe ici un prise
de voilement, où ce qui est voilé
voile encore autre chose,
jusqu’au
point
ultime où se trouve
le secret le plus profond
. On pense ici aux tentures qui
voilaient le Tabernacle dans le désert
et qui sont décrites comme des éléments
féminins de la construction
. Par exemple, le verset 3
du chapitre se lit littéralement :
"Cinq tentures seront attachées,
l’une à l’autre, chaque
femme avec sa
soeur".
Ce
qui est
caché c’est la dimension
de l’intériorité dans l’expérience humaine
, qui est identifié avec la dimension
de la féminité. Grâce à Esther
(fille, ou du moins descendante
, du roi Saül),
le peuple
juif revient à son intériorité :
il retourne à sa foi pendant les trois jours
du jeûne et c’est ce qui le sauve. "Tout
l’honneur de la fille du roi est
dans son intérieur"
Ps. 45 :14
D’après les
commentaires du Zohar
et du Midrash, "intérieur"
désigne ici le Saint des Saints.
La prise de conscience de l’intériorité
est indispensable pour pénétrer
dans le Saint des Saints,
qui est le lieu de
l’intériorité
absolue.
Ceci ajoute
une dimension supplémentaire
au personnage du Messie ben-Joseph :
la dimension de la féminité.
Les femmes ont été l’objet
de persécutions et
d’exploitation
dans
l’histoire,
et constituent en
cela une image emblématique
du ben-Joseph. Les menaces de destructions
sont produites par un excès d’activité et d’extériorité
(de virilité), et qu’on y échappe en rétablissant
une présence de la réceptivité
et de l’intériorité
(féminité).
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