Tohu-
bohu, ce
mot,
ou plutôt cette expression,
puisque deux mots la
composent
, cette expression donc
apparaît
au tout début de
Genèse.
“ En un
commencement,
Dieu créa les cieux
et la terre.
La terre était tohu
et bohuet la
ténèbre
sur la face de
l'abîme et le
souffle de Dieu planant
sur la face des
eaux...”
Gn 1 :
1
—————————————
“La
terre
était
Tohu et
Bohu", en hébreu,
ToHOu WaBoHOu...
Les versions
françaises
de
la Bible
traduisent cette
expression de diverses façons
:
———— “La terre était déserte et vide" (Dhorme, TOB, ...)
———ou “... solitude et chaos” (Bible du Rabbinat)
———ou encore“... vide et vague” (Bible de Jérusalem)
—————ou “... informe et vide” (Segond 1910,
Colombe)
———elle était “... un chaos, elle était vide”
Nouvelle Bible
Segond
La
première
traduction grecque
de la Bible Hébraïque,
la Bible des Septante,
traduit,
ou plutôt interprète déjà en
rendant
l'expression par “invisible
et désordonnée”
Les
traductions
de l'expression
ToHOu
WaBoHOu,
tohu-bohu dans sa transcription
“en français”, sont donc
nombreuses
et variées. Et cette diversité témoigne de
la
difficulté à définir
précisément
ce qu'elle désigne.
ToHOu
WaBoHOu,
c'est le néant
et la
vacuité,
mais c'est quand
même “quelque chose”
En effet, le début du récit de
la
Genèse nous présente l'état de la
terre
avant l'intervention créatrice
de
Dieu, et ce n'est pas “rien”
Au
commencement,
Dieu créa le
ciel
et la terre.La
terre
était tohu
et
bohu
…
De
fait,
l'expression
hébraïque 'tohu-bohu'
ne désigne pas un néant ou un
vide absolu
mais plutôt
une absence
d'organisation.

On retrouve
cette
expression
dans le livre du prophète
Jérémie, pour exprimer la
désolation
à la suite de l'exil des
juifs
à Babylone ;
Je
regarde
la terre, et voici,
elle est informe et
vide ;
Les cieux, et leur
lumière a
disparu
—Jér
4,23
Le
prophète
décrit ainsi
la dévastation de
Jérusalem et du pays de Juda
devenu désert. Une
dévastation
qu'il voit venir avec l'armée
babylonienne.
Et c'est
l'expression ToHOu
WaBoHOu qu'il
emploie. Comme quand après
une
catastrophe on dit “il ne
reste
plus rien”. Ce n'est pas
qu'il
n'y a plus rien, mais que
toute organisation
a disparu
tout
est retourné
au chaos et à la
confusion.
Dans le même sens,
Esaïe 34,11
emploie
séparément,
mais dans le même verset,
les deux motsToHOu et BoHOu
Le pélican et le
hérisson
la
posséderont,
La chouette et le corbeau
l'habiteront. On y étendra le
cordeau de la
désolation,(tohu)
Et le niveau de la
destruction.
(bohu)
normalement,
un cordeau et un niveau
sont des outils de maçon pour
construire,
aligner, mettre d'aplomb... mais en écrivant
que
c'est “le cordeau du chaos et le niveau du
vide”
qui vont passer sur le pays, le prophète
offre
une image saisissante de la
démolition,
de la déconstruction, de la
régression au chaos
primordial.
A
l'inverse
des destructions
évoquées par Esaïe
et Jérémie, le mouvement du
récit de la création, semble bien
indiquer
que l'œuvre créatrice qui suit va
consister
en une mise en ordre d'un chaos
initial.
D'ailleurs, le verbe hébreu
pour ‘créer’ , BaRa',
employé
exclusivement
avec Dieu pour sujet
viendrait de racines
signifiant
‘construire’ ou ‘couper’ ; et c'est
bien
cela qui se produit dans la suite du récit : par
sa
parole créatrice,
Dieu sépare, distingue,
ordonne, nomme, et par là il
donne
sens, et donc existence,
aux éléments de la
création.