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2010-02-27T07:29:00+01:00

silence (3)

Publié par sulamite -



. La troisième famille

de mots

qui évoquent le silence

est aussi tout autre.

C’est le silence du neutre,

de l’inertie, du « destin », un peu comme dans Genèse 1 :

« Il y eut un soir (silence de la nuit),

il y eut un matin ».

Silence de ce temps entre soir et matin.

Plus généralement le silence du destin,

de ce qui ne nous est pas expliqué.

Silence du monde secret de Dieu

où l’homme est étranger.

 

 

Prenons une image simple

. Vous êtes déjà peut-être montés

dans un avion, mais très peu d’entre nous avons

été autorisés à entrer à l’intérieur de la tour de contrôle

de l’aéroport, là où les aiguilleurs du ciel

guident les mouvements

des avions, leur décollage ou leur atterrissage.

Nous n’avons pas la permission

d’être là ou sont décidés ces déplacements,

de savoir pourquoi, quand et comment

ils sont dirigés là

ou ailleurs.

 

 

Nous savons

que c’est à partir de cette tour,

à laquelle nous n’avons pas accès,

que tout se décide,

et d’ailleurs qu’y comprendrions-nous ?

Seuls, les aiguilleurs connaissent

les raisons des allées et venues de chaque avion.

Là résident les pourquoi, les explications

aux mouvements de

chacun d’eux.

 

 

Nous devons nous rendre

à l’évidence : nous ne sommes pas, nous humains,

admis dans la tour de contrôle du ciel.

Il ne nous est pas donné de saisir les tenants

et les aboutissants, les causes premières de tout,

les raisons en particulier de tel décès, de tel accident,

de telle séparation, de tel désert.

Je crois que nous ne devrions pas nous sentir découragés

ou culpabilisés face au silence

que Dieu nous impose

quand le mal nous atteint.

Il serait préférable d’abandonner

cette idée, inexacte d’ailleurs, selon laquelle

si nous étions de meilleurs chrétiens,

vivant plus près de Dieu, celui-ci nous

révèlerait alors tous

ses secrets.

 

 

Ce monde

du silence vient heurter l’homme

qui a besoin de compréhension pour être en sécurité.

Ce silence, c’est le défi à sa raison.

En face du silence de l’infini de Dieu,

l’homme prend conscience de sa finitude,

de sa limite d’homme.

Là se crée l’espace pour la foi en Dieu.

Le philosophe Nietzsche disait :

« Si je connais le pourquoi,

je peux endurer tous les comment ».

Ce silence-là est celui qui

en appelle le plus à notre foi en la souveraineté

de Dieu sur notre vie

. Ici la foi, c’est croire que la nuit n’est pas ténèbres,

que le silence n’est pas abandon

ou absence.

 

 

Job, contrairement au silence d’Abraham,

n’obtient aucune explication,

il ne lui est donné aucune promesse, aucune parole

. Il est précipité dans la mort des siens, 

la maladie, la souffrance, et il est entouré du silence

. Ce silence durera, selon certains commentateurs,

quarante ans.

De plus Job doit se battre

contre les paroles vaines de ses amis,

de ceux qui veulent rompre

ce silence insoutenable pour la raison.

Job leur dit :

« Que n’avez-vous gardé

le silence ! »

 

 

Que de bavardages

,face aux Job d’aujourd’hui !

Que de paroles vaines

qui finalement montrent la peur du silence

, la peur de la rencontre avec soi-même.

Si Abraham retrouve son fils après l’épreuve du silence,

Job après son épreuve, ne retrouve

pas ses enfants.

Il en aura d’autres, mais les enfants

ne sont pas interchangeables,

nous le savons bien.

Job garde la blessure du silence.

En tout cela, nous dit la Bible,

« Job ne pécha point ».

 

 

Job, s’il est placé

face au silence de Dieu,

ne reste pas, lui, dans le silence !

Il parle, il crie, il dit sa colère, son malheur à Dieu.

Job apprend  à ne pas tout comprendre

de Dieu, il apprend que Dieu

ne se réduit à l’image qu’il se fait de lui.

Dans nos silences, dans nos conflits intérieurs,

nous expérimentons bien souvent

« la paix qui surpasse toute

intelligence ».

 

 

Au fond de son silence

de la nuit inexplicable, celle dont parle

Jean de la Croix, Job dit :

« Je sais que mon Rédempteur est vivant

et qu’il se lèvera le dernier ».

 

 

Les silences de Dieu

dans notre vie nous posent un conflit intérieur,

d’autant plus que nous vivons

dans une société de communication.

Mais pour nous, le silence de Dieu

n’est pas l’absence de Dieu.

Le conflit dans lequel il nous place

est un temps de profonde mutation

personnelle.

 

 

Terminons en pensant

au silence de Jésus sur la croix,

et rappelons-nous que s’il a vécu

les trois sortes de silence,

c’est justement pour que dans nos silences à nous,

nous ne soyons plus jamais seuls,

et qu’il soit près

de nous.

 

 




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