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2012-07-27T07:11:00+02:00

Ruth ou le refus de la fatalité (3 )

Publié par sulamite -

 

 



Quand

Boaz et Ruth

se marient, l'assemblée

bénit l'épousée en ces termes

: "Que ta maison soit comme la maison

de Peretz que Tamar enfanta à Juda" (Ruth 4:12).

On peut se demander pourquoi c'est cette

bénédiction qui est dite ici.

Il est vrai que Peretz est

l'ancêtre de Boaz,

mais la relation

est plus

fondamentale.

L'histoire de Tamar

et de Juda se trouve au 

chapitre 38 de laGenèse : Tamar

épouse le fils de Juda, Er, qui meurt peu après :

Selon la loi du lévirat, elle s'unit alors à son frère Onân

qui meurt lui aussi. Tamar attend donc

que le troisième fils de Juda

grandisse pour pouvoir

se marier avec lui

, mais il

a

peur

de lui céder

son dernier enfant :

"Demeure veuve dans la

maison de ton père jusqu'à ce que

mon fils Chêla soit plus grand".

Car il craignait qu'il ne

mourut, lui aussi,

comme ses

frères"

Ge38:11

Tamar,

voyant par la

suite que Chêla a grandi

mais que Juda n'a pas l'intention

de les marier, se déguise en prostituée et

a des relations conjugales avec Juda, sans que celui-ci

devine son identité. De cette union naissent Zérah et

Peretz, Peretz qui sera l'ancêtre de Boaz

et donc de David.Le problème

que doit affronter Juda est

celui de la fatalité :

Tamar est

pour

lui

l'incarnation

d'un destin maléfique,

elle a "tué" ses deux fils, le

sort s'acharne contre elle. Mais

celle-ci veut lui prouver que c'est faux,

qu'en fait Er et Onân sont morts du fait de leur

inconduite et que la fatalité aveugle n'existe pas,

mais qu'il faut considérer la vie et l'histoire

dans l'optique de l'intentionalité, même

si nous ne savons pas laquelle. Elle

s'unit à lui justement pour

prouver qu'elle n'est

pas une femme

maudite,

que

non seulement

elle ne tue pas ses maris

, mais qu'elle peut avoir des enfants,

qu'elle ne constitue pas un arrêt de mort,

mais qu'elle est la continuation de la vie. Et

effectivement elle donne naissance

à deux fils dont l'un est Peretz,

ancêtre de David, et par

cela même du

Messie à

venir.

Il

en est

de même pour

Ruth : Noémie perd

l'un après l'autre son mari

et ses deux fils ; elle n'a plus d'espoir

"Je suis trop âgée pour être à un époux" Ruth 1:12

dit-elle. En plus de quoi, il faut remarquer

que le mot "mar" ("amer")

revient souvent dans

ses propos :

"Non mes

filles,

car j'en

aurais beaucoup

d'amertume pour vous"

Ruth 1:13

Le

sentiment

de la fatalité,

de l'acharnement du

destin, la prend à la gorge.

Mais Ruth se soulève contre

cette interprétation fataliste de l'histoire

à l'échelle individuelle ou générale, et elle ajoute :

"là où tu mourras, je veux mourir aussi et y

être enterrée. Que l'Eternel m'en fasse

autant et plus si jamais je me

sépare de toi autrement

que par la mort !"

Ruth1:17 

 

 

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. Il ne

s'agit

pas

simplement

du moment où la

mort nous sépare, mais

plus profondément, c'est l'idée

de mort qui nous sépare : sans rien

enlever au tragique de la mort, Ruth la conçoit

comme un achèvement, et non pas

comme une force aveugle

et maléfique.

Noémie

est

sceptique,

elle veut changer

de nom : "Ne m'appelez plus

Noémie (l'agréable), appelez-moi

Mara (l'amère) car Shadaï (un des noms de Dieu)

m'a abreuvée d'amertume" (Ruth 1:20).

L'amertume règne, mais déjà ici

l'évocation du nom Shadaï,

pose une certaine

limite

au

désespoir

. Or on a remarqué que

 Shadaï peut se lire "She-daïï",

qui signifie "c'est assez" . C'est assez

d'amertume, ce qui annoncerait

le retournement de la

situation.

L'idée

mûrit

et

se développe

en Noémie, et quand

Ruth lui dit que Boaz lui permet

de glaner dans ses champs, elle répond :

"Béni soit-il par l'Eternel, puisqu'il n'a cessé

d'être bon pour les vivants et

pour les morts !"

Ruth 2:20 

Le nom

de

Dieu est

ici celui de la

miséricorde, qui ne

délaisse ni les vivants ni

les morts, ceux qu'elle croyait

morts pour rien, aveuglément, deviennent

des morts que Dieu ne délaisse pas

. Quand Ruth donne finalement

naissance à Obed,

elle en est bien

la

mère

biologique,

mais cet enfant

est doté en premier lieu

d'une importance pour Noémie :

"Et les voisines désignèrent l'enfant en disant

: "Un fils est né à Noémie !" (Ruth 4:17).

Comme dans le cas de Tamar,

la fatalité de la mort est

dépassée par la vie

qui se

transmet

par l'enfant. A la

joie de la naissance s'ajoute

donc la joie du sens de la

naissance.

 

 

 




 

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