A
côté de
sa dimension
religieuse et morale,
la Bible apparaît donc
commeun grand livre de réflexion
politique. «Cela n’a rien d’étonnant, note
Armand Laferrère, puisque la Bible est
l’histoire d’un peuple. Les textes les
plus anciens en reflètent l’idée
politique fondamentale:
le pouvoir est une
nécessité,
mais il
faut
se
méfier
des hommes
politiques qui en
abusent.» «Les réflexions
sur le pouvoir et sur la nature
humaine sont liées, poursuit le
chercheur. Les premiers livres de la Bible
donnent une présentation nuancée
de l’homme. Etant à l’image de
Dieu, il a la possibilité
d’améliorer le
monde,
mais
il y
a aussi
chez lui une
inclination au mal.
Cela rend nécessaire
la limitation de son pouvoir.»
Une des originalités de la Bible,
comme texte fondateur, est sa propension
à montrer les défauts des puissants.
On attendrait plutôt du livre qu’il
loue inconditionnellement
leurs exploits
admirables.
Or même
face
aux
plus grands
héros, elle exprime
des réserves. Abraham
donne sa femme à un autre,
Moïse est colérique et peu éloquent…
David, le roi le plus important, était aussi un
personnage peu recommandable, manipulateur
et fourbe. «Le devoir de tout héritier est de
reconnaître sa grandeur, mais
aussi ses défauts et
ses crimes»,
remarque
l’auteur.
Le
projet
constant de la
Bible est donc de libérer
l’individu. Elle le mène en plusieurs
étapes. La première est essentielle. Ne pas faire trop
confiance aux puissants et veiller aux plus faibles
, protéger la veuve et l’orphelin, regarder
l’étranger avec respect, en
se souvenant que les
juifs ont été
esclaves.
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