Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

2008-07-31T07:23:00+02:00

Préoccupations

Publié par sulamite -


Les paroles

que Jésus a dites à Marthe comptent parmi les plus célèbres de la Bible.

Marthe et Marie représentent l’humanité, avec ses deux sortes

de préoccupation.

Marthe est préoccupée par beaucoup de choses,

mais toutes choses sont finies, préliminaires, éphémères.

Marie est préoccupée par une seule chose,

infinie, ultime, durable.

L’attitude de Marthe n’est pas méprisable. Au contraire !

C’est ainsi que marche le monde.

C’est la force qui conduit, conserve et enrichit la vie et la culture.

Sans elle, Jésus n’aurait jamais pu parler à Marie et Marie n’aurait pu écouter Jésus.

Dans notre vie et, d’une manière générale en toute vie humaine,

d’innombrables préoccupations réclament notre attention, notre ardeur et notre passion.

Elles sont souvent importantes pour vous et pour moi et pour toute l’humanité.

Cependant aucune n’a d’importance ultime.

C’est pourquoi Jésus ne loue pas Marthe, mais Marie.

Elle a choisi la meilleure part, la seule chose dont l’homme a besoin,

celle qui peut le préoccuper

de façon ultime.

    L’heure du culte à l’église et chaque moment de lecture et de méditation,

sont consacrés à une écoute semblable à celle de Marie.

Quelque chose nous est dit, - au prédicateur comme à ses auditeurs -

qui peut nous préoccuper infiniment. C’est la raison d’être du sermon :

il doit éveiller une préoccupation infinie.


    Que signifie être préoccupé par quelque chose ?

Cela signifie que nous y sommes en jeu, qu’une partie de nous-même

s’y trouve engagée et que nous y prenons part de tout notre cœur.

Cela peut encore vouloir dire davantage.

Cela montre de quelle manière nous sommes en jeu, autrement dit,

avec inquiétude.

La sagesse du langage identifie souvent la préoccupation et l’inquiétude.

Beaucoup de chose nous mettent en jeu et nous font

éprouver de l’inquiétude.

Beaucoup de choses nous intéressent, et certaines nous font pitié ou horreur.

Ce ne sont pourtant pas de véritables préoccupations ;

elle n’engendrent pas cette l’angoisse qui nous torture quand nous sommes

véritablement et sérieusement préoccupés.

Dans l’histoire, Marthe était sérieusement préoccupée.

Rappelons-nous ce qui nous préoccupe dans notre vie de tous les jours,

du lever à la minute à notre coucher et au-delà,

quand nos inquiétudes apparaissent

dans nos rêves.

Nous sommes préoccupés par notre travail ;

c’est la base de notre existence.
Nous pouvons l’aimer ou le détester, ou l’accomplir comme un devoir

ou comme une dure nécessité.

L’inquiétude nous saisit dès que nous éprouvons les limites de nos forces,

notre manque d’efficacité, que nous sentons combien il faut lutter contre la paresse

, ou se préserver des dangers d’un échec.

Nous sommes préoccupés par nos relations avec les autres.

Nous ne pouvons pas imaginer vivre sans la bienveillance d’autrui,

sans amitié, sans amour, sans communion.

Nous sommes inquiets et souvent profondément désespérés

à la vue de l’indifférence,

du déchaînement de la colère et de la jalousie,

de l’animosité cachée et souvent empoisonnée

que nous découvrons en nous et chez ceux que nous aimons.

Cette préoccupation s’immisce dans nos cœurs et rend

notre amour fiévreux.

Nous sommes préoccupés par nous-même.

Nous-nous sentons responsables de la croissance de notre maturité,

de notre ténacité dans la vie, de notre sagesse et notre vie spirituelle.

En même temps, nous recherchons le bonheur, nous avons le souci de nos plaisirs,

celui d’avoir du « bon temps ».

Cette préoccupation compte à nos yeux énormément.

Mais l’inquiétude nous saisit quand nous nous voyons

dans le miroir de notre conscience, ou dans le jugement des autres.

Nous sentons que nous pris de mauvaises décisions,

que nous avons fait fausse route,

que nous perdons la face à nos propres yeux et devant les autres.

Nous nous comparons aux autres et nous-nous sentons inférieurs à eux ;

nous sommes alors déprimés et frustrés.

Nous croyons avoir gaspillé notre bonheur en le recherchant avec trop d’impatience,

en le confondant avec le plaisir,

ou encore par manque de courage au moment où il fallait prendre

la juste décision qui nous

rendrait heureux.

N’oublions pas la préoccupation la plus naturelle et la plus universelle

parmi les vivants : se maintenir en vie.

C’est la préoccupation du « pain quotidien » !

On l’avait presque oubliée dans de larges secteurs du monde occidental.

Elle est revenue en force aujourd’hui dans une grande partie de l’humanité.

Elle fait disparaître la plupart des autres tant elle absorbe

l’esprit beaucoup de gens.


Quelqu’un dira:

n’existe-t-il pas de préoccupations plus hautes que celles de la vie quotidienne ?

Jésus lui-même n’en témoigne- t-il pas?

Son émotion devant la misère des masses ne consacre t-elle pas

les préoccupations sociales qui saisissent de nos jours nombre de contemporains?

Quand Jésus a été pris de compassion pour les malades et qu’il les guérit,

ne consacrait-il pas la préoccupation de tous les médecins

et de tous les soignants du corps et de l’âme ?

Quand Jésus a rassemblé autour de lui un petit groupe

pour constituer une communauté,

ne consacrait-il pas la préoccupation de la vie sociale ?

Quand il disait venir rendre témoignage à la vérité, ne consacrai-il pas

la préoccupation de la vérité et la passion de la connaissance,

qui deviennent l’un des courants moteur de notre temps.

Quand il enseignait les foules et ses disciples ne consacrait-il pas

la préoccupation de l’enseignement et de l’éducation ?

Quand il racontait des paraboles,

quand il décrivait la beauté de la nature et formulait

des sentences d’une perfection classique,

ne consacrait-il pas la préoccupation de la beauté,

avec l’élévation spirituelle et le repos qu’elles nous accordent

après l’agitation de la journée.

Toutes ces nobles préoccupations sont-elles la seule chose

dont nous avons besoin,

la chose nécessaire choisie par Marie?

Ou ne sont-elles pas, au contraire la formes supérieure de la préoccupation

représentée par Marthe ?

Ne somme-nous pas encore préoccupés comme Marthe par

beaucoup de choses, même si celles-ci son

nobles et grandes ?

Sommes-nous réellement au-delà de l’angoisse

quand les problèmes sociaux nous préoccupent et que nous prenons conscience

de notre situation de privilégiés face à la misère et aux injustices

dont souffrent les masses du monde entier ?

Ne sommes nous pas atterrés ? Cela ne nous coupe t-il pas le souffle?

Connaissez-vous la torture de ceux qui veulent soigner un malade

et qui savent qu’il est trop tard ;

de ceux qui veulent donner une éducation et qui rencontrent la stupidité,

la méchanceté et la haine ;

de ceux qui doivent gouverner et qu’accablent l’ignorance populaire,

l’ambition de leurs adversaires, de mauvaises institutions ou la malchance ?

Voilà des inquiétudes plus grandes que celles

que nous rencontrons dans la vie quotidienne.

Connaissez vous l’inquiétude liée à toute recherche honnête ?

Celle de tomber dans l’erreur, en particulier quand la pensée doit explorer

de nouvelles voies ?

Avez vous ressenti le sentiment de vide presque intolérable

qu’on éprouve quand en retournant vers les soucis de la vie journalière

après avoir admiré une grande oeuvre d’art ?

Même s’il ne s’agit pas de la seule chose dont nous avons besoin,

comme le déclare

Jésus quand il annonce devant la beauté du temple

qu’il est condamné à la destruction.



Pourquoi ces multiples choses qui nous préoccupent

sont-elles en rapport avec le souci et l’angoisse ?

Nous leur consacrons nos forces, notre passion et il faut qu’il en soit ainsi,

sinon nous ne pourrions rien accomplir.

Pourquoi laissent-t-elles alors les profondeurs de notre cœur sans repos?

Pourquoi Jésus les écarte t-il comme n’étant rien

d’ultimement nécessaire ?

Jésus montre, par ses paroles au sujet de Marie,

que toutes ces choses peuvent nous être retirées.

Elles sont toutes finies. Ce sont des préoccupations finies.

Dans la courte durée de notre vie beaucoup d’entres elles ont disparues,

d’autres ont surgi qui disparaîtrons à leur tour.

De nombreuses préoccupations du passé se sont évanouies et beaucoup d’autres

prendront fin tôt ou tard.

La loi mélancolique de l’éphémère régit nos préoccupations,

même les plus passionnées.

L’angoisse de la fin habite les joies qu’elles nous accordent.

Les choses qui nous préoccupent, et nous avec elles, auront une fin.

Un moment viendra – peut-être n’est-il pas loin –

où toutes ces préoccupations ne nous préoccuperont plus ;

leur finitude nous sera révélée avec l’expérience de notre propre finitude –

autrement dit, de notre

propre fin.

Nous tenons à nos préoccupations préliminaires comme si elles étaient ultimes.

Elles nous maintiennent sous leur emprise même

si nous essayons de nous en libérer.

Toute préoccupation est tyrannique.

Elle réclame tout notre cœur, tout notre esprit, toute notre force.

Toute préoccupation tend à devenir notre préoccupation ultime, notre dieu.

La préoccupation du travail réussit souvent à être notre dieu,

comme le font aussi la préoccupation des autres ou celle du plaisir.

La préoccupation de la science a réussi à devenir le dieu

de toute une période de l’histoire.

La préoccupation de l’argent est devenu un dieu encore plus important.

La préoccupation de la nation a été le dieu le plus important de tous.

Toutes ces préoccupations finies combattent les unes avec les autres

et elles accablent notre conscience

parce que nous ne pouvons pas leur faire justice à toutes.
Nous pouvons essayer d’éliminer toute préoccupation pour adopter

le détachement du cynique.

Nous décidons que rien ne nous préoccupera, sauf peut-être occasionnellement,

mais pas sérieusement.

Nous essayons d’être détaché de nous-même, des autres, de notre travail,

de nos plaisirs, du nécessaire et du luxe, des affaires sociales et politiques,

du savoir et de la beauté.

Finalement, nous pouvons estimer que notre détachement a quelque chose d’héroïque.

Une chose est vraie :

c’est la seule alternative à la préoccupation ultime.

Le détachement ou la préoccupation ultime : voilà la seule alternative.

Le cynique est passionnément préoccupé par une seule chose : son détachement.

C’est la contradiction interne à tout détachement.

Voilà pourquoi, il n’y a qu’une seule possibilité,

c’est la préoccupation ultime.

Quelle est alors la seule chose dont nous avons besoin ?

Quelle est la meilleure part que Marie a choisie ?

Comme l’histoire que nous avons lue, j’hésite à répondre,

car toute réponse devient source de malentendus.



Quelle est la seule chose dont nous avons besoin ?

La réponse est difficile à donner.

Elle peut-être mal comprise.

Même Dieu peut être changé en objet d’une préoccupation finie ;

en quelque chose à laquelle croient certaines personnes et d’autres pas.

Un tel Dieu, bien sûr, ne peut nous préoccuper d’une manière ultime.

C’est une personne, semblable aux autres personnes,

avec lesquelles il est utile d’être en relation.

Une personne comme celle-là peut être l’objet d’une préoccupation finie,

mais jamais celui d’une préoccupation infinie.

La seule chose nécessaire

c’est la première réponse et d’une certaine façon la dernière que je peux donner -

c’est d’être préoccupé ultimement, inconditionnellement, infiniment.

Marie l’était ainsi.

Marthe l’a senti et s’est mise en colère.

Jésus a loué en Marie.

On ne peut pas dire grand chose de Marie et c’est bien peu en regard

de tout ce qu’on peut de Marthe.

Marie était infiniment préoccupée.

C’est la seule chose nécessaire.

Si sous l’emprise et la passion de cette préoccupation ultime,

nous considérons l’ensemble de nos préoccupations finies

le domaine de la vie  de Marthe -

tout semble être ce qu’il était et pourtant tout a changé.

Nous sommes encore préoccupés par beaucoup de choses, mais différemment

l’angoisse est partie!

Elle existe encore et elle tente de revenir, mais sa puissance est brisée.

Elle ne peut plus nous détruire.

Celui qui est saisi par la seule chose nécessaire a toutes les autres sous ses pieds.

Elles le préoccupent, mais pas de manière ultime.

Quand il les perd, il ne perd pas la seule chose qui lui est nécessaire ;

elle ne peut

lui être retirée.



commentaires

Girl Gift Template by Ipietoon Blogger Template | Gift Idea - Hébergé par Overblog