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2010-11-15T08:18:00+01:00

saisi aux entrailles (1 )

Publié par sulamite -

 

 

 

 

On le

sait par expérience,

être en contact avec sa propre

souffrance permet d’entrer en résonance

avec celle d’autrui : rien de tel pour s’ouvrir à la

compassion ! C’est la démarche inverse qui

semble poser problème : devant

des souffrances en aussi

grand nombre,

« il faut

se protéger »,

entend-on de tous côtés.

Mais se protéger de quoi ? De qui ?

Pourquoi serait-il dangereux de s’exposer à la souffrance

d’autrui ? C’est qu’elle risque de nous mettre

en contact avec notre

propre souffrance

que nous

ne

sommes

pas encore prêts à aborder.

La détresse d’autrui

menace de

réveiller

en

nous une détresse

qui nous appartient et qui

nous déborderait. C’est donc de nous-mêmes

qu’en définitive nous nous

protégeons.


L’auto-contrainte induite

par le « il faut »

indique bien

que,

spontanément,

nous ne le ferions pas :

nous nous laisserions toucher par autrui.

Nous voilà d’entrée de jeu accrochés

par le cum de compassion, le avec du

pâtir-avec(latin cum-passio)

qui évoque

une

réciprocité

involontaire, un mystérieux

va-et-vient, une sorte d’osmose,

un « être-affecté ensemble » contre lequel

on essaie parfois de se prémunir. Il ne

s’agit pas là de la pitié qui à

l’origine est de la même

racine que la piété

(latin pietas)

et concerne

avant

tout les actes

entrepris pour

soulager autrui

Il ne s’agit pas non plus de la

charité, qui désigne l’amour du prochain

en général, ni de la miséricorde

avoir le coeur (cor)

sensible à la

pitié

Et il ne s’agit pas,

enfin, de l’empathie (grec en-patheia,

sentir dedans) ou capacité à percevoir

l’expérience subjective

d’une autre

personne

La

« compassion »

désigne donc cette expérience

très subjective où l’on sent ou souffre avec

autrui et non à sa place en se projetant sur lui.

Notre réflexion s’enracinera dans la

compréhension évangélique

de la compassion.

Les évangiles

ne nous parlent pas de « la

compassion », mais utilisent systématiquement

un verbe — « être ému aux entrailles » :

c’est donc toujours quelque

chose de dynamique,

qui bouge

et fait bouger.

Notons également

que ce verbe est toujours au passif :

on est pris aux entrailles par… Par autrui souffrant,

par la situation de détresse dans

laquelle on se trouve

impliqué,

mais surtout…

par Celui qui donne à vivre une

telle expérience, se tenant invisible, comme

en retrait, et qu’on s’abstient de

nommer par respect

du mystère.

°°°

 

 


 


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