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2010-11-20T08:19:00+01:00

saisi aux entrailles (4 )

Publié par sulamite -

 

 

 

 

 

Être

ému aux entrailles

comme le père de Lc 15,

c’est naître à la Vie en ayant assumé

sa propre mort et son incapacité

à sauver autrui

C’est

sortir de

sa propre souffrance

et, sans même y prendre garde,

re-susciter autrui dans le même mouvement.

Compassion et résurrection,indissociables en Lc 7, 11-17

quand Jésus re-suscite un fils unique, à Naïn

Là encore, lui-même est clairement

différencié : le cortège de vie dans

lequel il se trouve croise le

cortège de mort

la réalité n’est

pas

édulcorée :

en face de lui, « un mort »

et une mère qui, elle, n’est désignée

qu’en fonction de la mort de son mari (une « veuve ») —

doublement enfermée dans la mort.

Jésus, « la voyant, est ému

aux entrailles ».

S’il la « voit »,

c’est que lui-même n’est pas

noyé-fusionné avec ce « fils unique »

mort, quand bien même il fait route vers Jérusalem

, donc vers sa propre mort. Il n’est pas noyé

non plus dans la douleur de sa propre

mère par anticipation.

Ni peur

de

l’engloutissement

ni peur de la proximité :

il « touche la civière » et s’il peut

« réveiller » le jeune homme, c’est que lui-même l’est

« un prophète, dira la foule, s’est réveillé

parmi nous » (v. 16).

C’est

chaque fois

le verbe egeirô,

qui avec anistèmi est l’un des

deux verbes utilisés par le Nouveau Testament

pour dire la résurrection de Jésus.

Mais on peut se demander s’il

ne « réveille » pas

également

la mère :

en effet, quand

il « touche la civière », le

mot utilisé [sophos] signifie « urne », « cercueil »,

« civière », mais aussi… « vieille femme

décrépite » La compassion

n’est-elle pas

essentiellement

un toucher de l’âme qui

s’efface aussitôt pour laisser l’Autre,

la Source de la compassion, faire du neuf ?

Ici, une mère devait être défusionnée

de ce fils sans existence propre,

contraint d’occuper la place

du père mort

« fils

unique pour elle »

(v. 12) : en effet, le voilà qui

« commence à parler » (v. 15), comme

s’il n’avait jamais pu jusque là prendre la parole !

L’autre, le Tiers à l’origine de toute vie a fait irruption

dans une relation duelle mortifère : « Jésus le donna à sa mère »,

et non « le rendit à sa mère »comme on traduit trop souvent.

C’est que pour la première fois, elle reçoit son fils

de Dieu,comme un cadeau, ce qui laisse

présager une relation gratuite entre

ces deux êtres désormais

différenciés

hors dette

et hors confusion.

Compassion et résurrection…

Comment ne pas penser aux paroles de Jésus

sur la croix à l’adresse de sa mère et de son

disciple Jean ? « Femme,voici ton fils !

Fils, voici ta mère ! »

Jn 19, 26

°°°


 

 

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