Entre
mort et vie,
répandu, il y a le
sang de Jésus selon les
trois récits du dernier repas qu’on
peut lire dans les évangiles de Matthieu,
Marc et Luc. La parole prononcée par Jésus sur la
coupe dans les synoptiques comporte la mention
du sang versé : sang de l’Alliance répandu
pour beaucoupselon Marc et Matthieu,
ou Nouvelle Alliance en mon sang
versé pour vous
(les disciples),
selon Luc.
Et seul Matthieu
précise : “pour le pardon des péchés”.
Répandre le sang, c’est un geste technique du
sacrifice, l’expression est celle employée dans la
Septante, la traduction en grec de l’A T
pour désigner un sacrifice sanglant.
Dans le judaïsme ancien,
les sacrifices sanglants
(il y en a 2 sortes)
ont pour but
de
permettre
la rencontre
avec Dieu soit en
assurant le passage de l’état
d’impureté à celui de pureté (que ce soit une
personne ou plusieurs ou un lieu), soit en réparant
un tort commis envers Dieu, mais dans le
domaine bien circonscrit de la
propriété, Dieu étant
considéré comme
le
propriétaire
ultime de toutes choses.
Pour ces sacrifices, le sang est nécessaire
car il représente la vie. La mort de l’animal n’est jamais
la perspective du sacrifice sanglant. Et il ne s’agit pas
d’apaiser un Dieu en colère, mais de recréer
les conditions nécessaires à sa venue,
ainsi, par exemple, le pardon
des péchés.
Dans ces
paroles du dernier
repas, Jésus donne un sens
au don de sa vie et la parole sur la coupe,
sur le sang répandu se réfère à la catégorie sacrificielle
en ce qu’elle permet une rencontre avec Dieu,
particulièrement pour Matthieu à travers
le pardon des péchés.
Bien d’autres
perspectives sont
convoquées par les trois récits,
dans leur convergence et leurs spécificités.
Dans la pluralité des interprétations de la mort de Jésus
déployée dans le Nouveau Testament, la mention
du sang répandu, sans retenue, indique une
dynamique vers la vie, vers la rencontre
avec le Christ, vers la
communion,
malgré la mort
de Jésus et même
à travers elle. La plénitude du don offert
se dit aussi dans ce sang répandu pour beaucoup,
de nombreux exactement et pour la plénitude de leur vie.
Un peu avant le dernier repas de Jésus avec
ses disciples, Jésus était à Béthanie.
Matthieu,Marc et Jean placent
à cet endroit, à ce moment,
le geste d’une femme
. Seul Jean voit
en elle Marie,
sœur
de Marthe
et de Lazare.
Pour Marc et Matthieu,
elle est anonyme, mais ce qu’ils
disent l’un et l’autre à son sujet est
peut-être bien plus fort que sa nomination.
Et comme il était à Béthanie,
dans la maison
de Simon le lépreux,
pendant qu’il était à table,
une femme vint, ayant un vase
d’albâtre plein d’un parfum de nard pur
de grand prix; et ayant brisé le vase d’albâtre,
elle le lui répandit sur la tête. Mais quelques-uns
exprimaient entre eux leur indignation
. Pourquoi cette perte du parfum
a-t-elle été faite?
Car ce parfum
pouvait être vendu
plus de trois cents deniers,
et être donné aux pauvres. Et ils murmuraient contre elle.
Mais Jésus dit: Laissez-la, pourquoi lui faites-vous
de la peine? c’est une bonne oeuvre
qu’elle a faite à mon égard;
car vous avez toujours
les pauvres avec
vous,
et quand vous
voulez, vous pouvez leur
faire du bien; mais moi, vous ne m’avez pas toujours.
Ce qu’elle a pu, elle l’a fait; elle a par avance
embaumé mon corps pour la sépulture.
Mais en vérité, je vous le dis,
en quelque endroit
que l’Evangile
soit
prêché,
dans le monde entier,
ce qu’elle a fait sera aussi raconté
en mémoire
d’elle.
Mc 14 : 39
Embaumement
à l’avance, dit Jésus,
ou onction, ou honneur rendu
ou amour manifesté. Parfum répandu,
argent répandu, argent gaspillé disent les
disciples vertueux. Il y a dans ce verbe répandre
une générosité incomprise ici, souvent, à l’aune
des bonnes actions envers les nécessiteux.
Elle a fait ce qu’elle a pu pour exprimer
ce qu’elle ressentait, croyait,
vivait, pour témoigner
de l’importance
de Jésus
pour elle, parce que la
fin était proche, encore un peu,
et ce serait trop tard. Répandre le parfum,
verser tout ce qu’elle avait apporté, ne rien garder
ni pour elle ni pour d’autres, mais tout lui donner
; répandre, c’est sans compter. Le parfum
comme le sang. On raconte encore
ce qu’elle a fait, qui était à l’image
de ce que Dieu fait.
Dieu qui
verse l’Esprit,
Dieu et Jésus, dans le
grand discours de Pierre au
deuxième chapitre du Livre des Actes.
La prophétie du prophète Joël se réalise affirme
Pierre, la prophétie qui annonçait :
Mais c’est ici ce qui a été
dit par le prophète Joël:
Et il arrivera dans
les derniers
jours,
dit Dieu,
que je répandrai
de mon Esprit sur toute chair;
et vos fils et vos filles prophétiseront;
et vos jeunes gens auront des visions, et vos vieillards
auront des songes. Oui, sur mes serviteurs et sur
mes servantes, dans ces jours-là,
je répandrai de mon Esprit,
et ils prophétiseront.
Act 2 ; 14 à 18
Aucune
parcimonie dans
ce don répandu, mais l’abondance
, la générosité la plus grande, et ce don porte des fruits !
Luc raconte véritablement l’œuvre de
l’Esprit Saint dans le livre des Actes,
de la croissance de la
première
communauté
aux voyages missionnaires de Paul.
C’est Paul d’ailleurs qui aura le dernier mot,
le dernier ekcheuô, et c’est Dieu qui en est le sujet
par l’intermédiaire de l’esprit Saint.
Au chapitre 5
de l’épître
au Romains :
L’espérance
ne trompe pas, car l’amour
de Dieu a été répandu dans nos cœurs
par l’Esprit saint
qui nous a été
donné.”
Amour et répandre
sont deux mots qui vont très
bien ensemble !
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