Un temps
pour donner la vie,
et un temps pour mourir ;
un temps pour planter,
et un temps pour arracher.
Un temps pour tuer,
et un temps pour guérir;
un temps pour détruire et
un temps pour construire.
Un temps pour pleurer,
et un temps pour rire ;
un temps pour gémir,
et un temps pour danser.
Un temps pour jeter des pierres,
et un temps pour les amasser ;
un temps pour s’étreindre,
et un temps pour s’abstenir.
Un temps pour chercher,
et un temps pour perdre ;
un temps pour garder,
et un temps pour jeter.
Un temps pour déchirer,
et un temps pour coudre ;
un temps pour se taire,
et un temps pour parler.
Un temps pour aimer,
et un temps pour ne pas aimer ;
un temps pour la guerre,
et un temps pour la paix.
3, 2-9
Ainsi va la vie,
tendue entre des situations
opposées qui ne s’excluent pas
comme deux pôles extrêmes, mais qui se trouvent
souvent réunies comme deux pôles
qui s’attirent,
tant dans
la vie
d’un individu
que dans celle de tout
groupe humain. Avec un réalisme cru,
Qohélet embrasse un bon nombre de situations
qui affectent les personnes, comme naître
et mourir, et d’activités reliées
au travail, comme
l’agriculture
et la construction
. Considérant l’énergie
que les hommes investissent dans
l’accomplissement de leurs tâches, Qohélet pose
cette question cinglante :
Quel profit
le travailleur retire-t-il
de toute la peine qu’il prend ?(3, 9)
et il conclut comme dans un verdict :
Ce qui est a déjà été,
ce qui sera a déjà existé.
Dieu recherchera ce qui
a disparu(3, 15).
On pourrait
conclure au cynisme
de Qohélet, au pire à un certain nihilisme.
Notre philosophe n’envisage ni l’inutilité ni le
néant de l’existence, mais il reconnaît les limites
de ses efforts à en comprendre
toute la signification.
Le temps
agit un peu comme
un rocher qu’il faut escalader
pour acquérir le regard qui permettra
d’embrasser toutes les perspectives de la vie :
Dieu a mis
toute la durée du temps dans l’esprit de
l’homme,
mais celui-ci est incapable d’embrasser
l’œuvre que Dieu a faite du
début jusqu’à
la fin(3, 11).
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