Le Ps 148
est l’un de ces poèmes
qui concluent le livre des psaumes
. Il condense en lui-même un des thèmes
principaux de tout le psautier, celui de la louange.
Dans la version qui est proposée ici,
on notera la beauté du style,
la « géométrie » de
ses éléments.
Un appel
est lancé aux créatures
dont l’ordre de présentation
est descendant : les anges (v. 2), les astres (v. 3)
, les éléments cosmiques (« cieux des cieux », « eaux des hauteurs des cieux » v. 4)
. Dans la deuxième partie, les créatures interpellées apparaissent
comme aux détours d’un voyage :
« monstres marins, tous
les abîmes » (v. 7),
« les montagnes
et toutes
les collines, les arbres
des vergers, tous les cèdres; » (v. 9)
« les bêtes sauvages
et tous les troupeaux, le reptile et l’oiseau qui vole » v. 10.
Enfin, l’homme fait son apparition, depuis les rois
jusqu’aux vieillards et aux enfants (v. 11-12).
Israël, en dernier lieu, occupe une
place spéciale
parmi ceux qui
chantent la louange de Dieu (v. 14).
1 Louez le Seigneur du haut des cieux,
Louez-le dans les hauteurs.
2 Vous, tous ses anges, louez-le,
Louez-le, tous les univers.
3 Louez-le, soleil et lune,
Louez-le, tous les astres de lumière;
4 Vous, cieux des cieux, louez-le,
Et les eaux des hauteurs des cieux.
5 Qu’ils louent le nom du Seigneur :
Sur son ordre ils furent créés;
6 c’est lui qui les posa pour toujours
Sous une loi qui ne passera pas.
7 Louez le Seigneur depuis la terre,
monstres marins, tous les abîmes;
8 Feu et grêle, neige et brouillard.
Vent d’ouragan qui accomplis ses paroles;
9 Les montagnes et toutes les collines,
Les arbres des vergers, tous les cèdres;
10 Les bêtes sauvages et tous les troupeaux,
Le reptile et l’oiseau qui vole;
11 Les rois de la terre et tous les peuples,
Les princes et tous les juges de la terre;
12 Tous les jeunes gens et jeunes filles,
Les vieillards comme les enfants.
13 Qu’ils louent le nom du Seigneur,
Le seul au-dessus de tout nom;
Sur le ciel et sur la terre, sa splendeur :
14 Il accroît la vigueur de son peuple.
Louange de tous ses fidèles,
Des fils d’Israël, le peuple de ses proches!
Ce qui donne
de la valeur à chaque être évoqué
dans le psaume, c’est d’avoir été créé par Dieu :
« sur son ordre, ils furent créés » (v. 5).
Le verbe employé
dans la version hébraïque originale
est « bara » qui n’est utilisé qu’à propos de Dieu.
Lui seul peut appeler à l’être.
Les philosophes
diront plus tard que bara-créer,
c’est faire de rien mais assurément il désigne déjà
une action sur la formation du monde qui est propre à Dieu,
unique en son genre, prodigieuse et dûment
impossible à tout être créé.
L’acte de créer émane
de son Être même
en tant que Dieu se révèle
en exclusive l’Auteur de l’univers.
Les spirituels voient une lumière
particulière qui se dégage
de chaque être en tant que créature.
Si la plupart des êtres humains ne voient pas cela, c’est que leur
cécité est due au péché. Ils ne reconnaissent
pas la véritable nature de ce qui
les entoure à savoir
un effet de la bonté de Dieu.
Le péché les aveugle dans la perception
d’un aspect pourtant essentiel de ce qui existe, la relation à Dieu.
Les saints, par ailleurs, échappent à ce défaut.
Saint François d’Assise parce qu’il était
un homme entièrement envahi par
l’amour de Dieu
a composé un poème très
semblable au psaume 148,
c’est le cantique des créatures :
Loué sois-tu, Seigneur, pour toutes les créatures,
spécialement pour le soleil notre frère…
Saint François s’approchait
des animaux avec douceur et sans crainte pour la même raison :
il voyait en eux des créatures de Dieu. Recherchons
la pureté du cœur et nous découvrirons
que du fait même de leur existence,
toutes les créatures « louent »
déjà Dieu.
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