Jésus
est la risée des
soldats qui l’ont arrêté.
Ils lui ont voilé le visage et le
frappent en lui disant : « Fais le prophète!
Qui t’a frappé! » Le mot est utilisé ici dans le
sens usuel durant l’Antiquité de « devin ».
l’homme qui est censé être en contact
avec la divinité peut connaître
l’avenir et le prédire.
C’est l’homme
que l’on
vient
consulter
avant d’entreprendre
un grand projet, un voyage,
une guerre. Les rois avaient l’habitude
de s’entourer de ce type de prophètes-devins
auxquels ils demandaient de leur prédire
l’avenir, de les conforter dans leurs
décisions ou de décrypter un
songe particulier. C’est ainsi
que Joseph voit
son destin
changer
du
tout au
tout parce qu’il
se montre capable
d’interpréter les songes
du pharaon, avec ses vaches
grasses et ses vaches maigres
.Aujourd’hui, les devins ont pris d’autres
noms. On trouve leur adresse dans les
revues populaires : ils disent
l’avenir en faisant votre
thème astrologique,
le lisent dans
les lignes
de votre
main
ou le marc
de café... Comme
autrefois, des hommes
et des femmes cherchent le
moyen d’échapper à l’angoisse
qui les poursuit face à l’avenir. Chacun
aimerait tellement être certain de faire le bon
choix dans sa propre vie et de trouver le vrai
bonheur... Malheureusement, la
réalité est rarement ce
que l’on voudrait
qu’elle
soit.
Pour
nous,le
mot « prophète »
revêt une autre signification
lorsqu’on le comprend en rapport
direct avec la Bible où se trouvent précisément
les livres attribués à des prophètes
particuliers dont les noms
sont connus. Esaïe,
Jérémie, Ezéchiel
sont les
noms
des trois
« grands » prophètes
en raison de leur influence
en leur temps et de l’importance
des écrits qui leur sont attribués. À côté
d’eux, la Bible répertorie une douzaine de
« petits » prophètes, d’Osée à Malachie. Leurs
écrits sont moins volumineux et traversent
une période historique de plus courte
durée. Pour bien comprendre
qui sont ces hommes
en qui la Bible voit
d’authentiques
prophètes,
par
opposition
aux faux prophètes,
prenons le cas d’Amos
qui prophétise dans le royaume
de Samarie, vers 740 av. J.-C. C’est une
période agitée durant laquelle les meurtres
et les prises de pouvoir se succèdent. Amos est
venu à Bethel, un temple royal et se voit
interdit de parole par le prêtre du lieu
Il s’explique alors et raconte
pourquoi il est là Amos
répondit à
Amatsia :
Amos
répondit à
Amacya : Je n'étais
pas prophète, je n'étais pas
fils de prophète, j'étais bouvier,
je traitais les sycomores; mais le Seigneur
m'a pris de derrière le bétail et le Seigneur
m'a dit : Va, prophétise à Israël mon peuple
. Maintenant donc, écoute la
parole du Seigneur...
Am 7:14 à 16
Ce texte
est
intéressant
parce qu’il permet
de comprendre la spécificité
du prophète biblique. Dans ce texte,
pas plus que dans les autres récits de vocation
prophétique, il n’est question de jouer
les devins ou les adulateurs du
pouvoir en place. Amos
est bien conscient de
n’être rien par
lui-même.
Il est
bouvier
ou agriculteur,
mais dit-il, le Seigneur
l’a pris de derrière son bétail
pour faire de lui son porte-parole
en Samarie : dénoncer la corruption
du pouvoir en place, l’iniquité des juges,
la rapacité des marchands,
l’hypocrisie religieuse
de ceux qui
viennent
prier
et l’oubli total
de la loi du Seigneur.
En même temps, il avertit
ses interlocuteurs. L’irrespect
de la loi de Dieu conduit
Samarie à sa
perte
On
le voit
bien dans ce
texte, le prophète
de l’Ancien Testament
exerce toujours deux rôles
bien distincts. D’une part, il
dénonce le comportement de tout un
peuple oublieux du chemin sur lequel Dieu l’a
appelé, lui préférant les dieux cananéens.
Les célébrations en l’honneur de Baal,
le dieu de la fertilité, semblaient
prometteuses de davantage
de richesses que le culte
d’un Dieu sans visage
qui ne veut pas que
l’on fasse
une
image
de lui et qui
demande une fidélité
et le souci pour la justice
envers les plus petits. Les prophètes
de cette époque en appellent sans cesse
à un retour au Dieu de l’alliance qui seul libère
de l’esclavage. D’autre part, si la parole
prophétique vient réveiller
brutalement des
consciences
endormies,
elle
prend
à d’autres
moments les accents
d’une tendresse inouïe pour
s’adresser à un peuple meurtri
par la guerre ou la dureté de sa situation.
Elle rappelle alors que Dieu ne l’oublie pas
, il l’accompagne en exil à Babylone et il organise
un nouvel exode qui ramène les exilés
vers Jérusalem. Le prophète biblique
est habité par une parole
intérieure
qu’il ne
peut
taire et
dans laquelle
il reconnaît la voix
de Dieu qui parle à travers lui.
Le récit fait par Jérémie de sa propre
vocation est sur ce point
édifiant
Je 4 : 10
La
parole du
prophète ne lui
appartient pas. Elle vient
de plus loin que lui, de ce Dieu
qui se met en colère contre son peuple,
dénonce ses infidélités; mais dans le même
temps ne cesse de l’appeler à revenir à lui de tout
son cœur et lui propose une alliance
nouvelle qui s’accompagnera
de l’effusion de l’Esprit
de Dieu sur lui. La
parole
prophétique
dénonce avec force
l’infidélité, mais en même
temps, elle encourage et annonce
la « sortie du tunnel »; elle va faire se
lever une grande espérance dans le peuple
d’Israël. Ce qu’il est incapable d’accomplir
par lui-même, le peuple d’Israël le
recevra de la main de Dieu
qui lui enverra son
messie.
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