Tout en bas,
à une extrémité du corps
, nos pieds nous permettent de nous tenir
debout et de marcher. La stature verticale et la marche
sur les deux pieds sont des caractéristiques de
l’espèce humaine ; les pieds sont
des éléments très
importants
de notre corps, de notre
humanité aussi et leurs fonctions
particulières les investissent d’une dimension
symbolique également très importante.
Ces deux
aspects fonctionnel
et symbolique des pieds sont
présents dans la
Bible,
Là où l’humain se tient
Commençons
par considérer le terme
comme représentant le lieu
où se tient l’humain. pous, c’est l’être qui se tient
debout, en un lieu. C’est par la plante du pied
que l’être humain est en contact
avec le sol et c’est ainsi
que pousdésigne
aussi
le socle
d’une existence
.Notons même que par
l’intermédiaire du mot plante dans
l’expression « plante du pied »
, nous touchons
aussi à
la notion d’enracinement
d’une existence.) D’une autre manière, on pourrait
dire que pous, le pied, c’est ce qui met l’humain
en prise avec la terre, en prise avec
une humanité modelée
à partir de cette
terre selon
le récit
du deuxième
chapitre de la Genèse.
C’est en sentant la terre sous
ses pieds que l’humain reste en contact,
reste conscient de sa nature
de créature.
Mais la
capacité à se
tenir seul et la mobilité
sont des conditions naturelles
d’épanouissement et de développement
de l’humanité et d’un être humain
dans cette humanité
. Ceux qui ne
peuvent se tenir
sur leurs pieds, paralysés
ou blessés, dépendent entièrement
du bon vouloir de ceux qui les porteront et
s’occuperont d’eux. Assis ou couchés,
immobiles, ils peuvent
facilement être
rejetés à part,
à l’écart,
oubliés.
C’est alors que
le livre des Actes met
en scène dans la ville de Lystre
l’apôtre Paul, qui voyant un homme impotant
(littéralement "impotent des pieds, et boîteux
depuis depuis sein de sa mère")
, l’interpelle ainsi :
«Lève-toi,
droit sur tes pieds !»
Actes 14,8-10
Ce lève-toi,
qu’on pourrait aussi
traduire par «sois ressuscité»
parce qu’il s’agit du même verbe grec,
résonne de la puissance et de l’oeuvre
de l’Esprit de Dieu agissant à travers
l’apôtre et restaurant un
être perdu dans son
humanité
et dans l’humanité :
le redressant sur ses pieds.
Dans le registre de ces pieds qui désignent
l’être, parlons des pieds nus.
Nus, sans chaussures,
sans sandales
plus exactement,
car il s’agit des pieds de Moïse
rencontrant le Dieu d’Israël dans un buisson
qui brûlait sans se consumer. Et la voix divine
lui ordonne : «N’approche pas,
et ôte tes sandales
car le lieu où
tu te
tiens est saint.»
Ce récit du troisième chapitre
du livre de l’Exode est rappel
par Etienne dans le livre des Actes (chap. 7),
dans le discours qu’il prononce après
son arrestation. Il rappelle
cet ordre du Seigneur
à Moïse:
«Enlève tes sandales
car le lieu où tu te tiens
est une terre sainte».
Se présenter
pieds nus devant
Dieu est un signe de respect
envers la divinité, un signe d’humilité
de la part d’une créature face au Créateur.
Mais se mettre pieds nus, c’est aussi
assurer sa présence en un
lieu par le contact
direct du sol.
Etre
pied nu,
c’est également
s’approcher plus près de soi-même ;
c’est abandonner ce qui exerce une pression
ou une protection : un abandon qui permet d’être soi.
C’est une expérience qu’on peut ressentir
quand on enlève ses chaussures
après une journée bien remplie :
quelle détente, quel bien-être,
quelle disponibilité nouvelle
d’un coup !
A l’Horeb,
pieds nus devant
le buisson ardent, Moïse est là,
vraiment là, prêt à entendre ce que va dire
le Seigneur Dieu d’Abraham,
d’Isaac et de
Jacob
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