Dans
la diversité
des physionomies
ecclésiales aujourd'hui, on
pourrait distinguer beaucoup de nuances :
mais en me servant de métaphores hardies,
comme je l'ai dis, je vais distinguer
seulement sept types
principaux.
L'
Église
ressemble
parfois à un
musée. C'est le
premier modèle.
L'architecture de son local,
son mobilier, sa décoration, la
Bible ouverte sur la table, sont autant
de vestiges du temps jadis. Quand au
comportement des rares personnes
qui lui sont fidèles (et ce sont
rarement les ados), on
dirait le conservatoire
des "mœurs
disparues".
Ce
type
d'Église
attire cependant
des hommes et des
femmes : ceux qui sont
sensibles au mal du déracinement
dans notre civilisation : ceux qui cherchent
à revaloriser la mémoire. Mais le grand nombre
de concitoyens alentour voit dans l'apparence
de cette église la confirmation de ce qu'il
pense déjà : le christianisme
est un fait culturel
périmé !
Le
deuxième
modèle a plus de
vigueur et de rayonnement :
c'est celui du théâtre. Il me semble
qu'on peut en distinguer deux versions différentes :
Certaines églises font penser à un théâtre
proche de l'opéra. Le principal
semble résider dans le
déroulement
de
rites
fastueux
ou austères, mais
parfaitement réglés.
L'ambiance est solennelle,
la qualité est classique, le goût celui
de l'élite. L'émotion religieuse,
bien qu'elle soit assez
retenue, n'est pas
moins profonde
pour autant.
L'autre
version
ressemble
plutôt au show
-business moderne.
Elle propose aussi du spectacle,
mais dans des styles moins traditionnels.
Le phénomène du vedettariat
n'est pas inconnu.
L'attrait de ce
type
d'église
pour les non-
croyants est assez
considérable. La foule,
la croissance numérique, sont
souvent au rendez-vous. En général,
une prédication-interpellation
percutante figure au
programme du
spectacle
offert.
Assez
proche du
deuxième type,
mais assez différente,
l'église happening. "Happening"
orchestré ou orchestral si vous voulez.
(happening qui ressemble à un orchestre).
L'ambiance chaude compte beaucoup.
Elle est moins produite par la
maîtrise d'organisateurs
compétents, artistes
ou techniciens
comme dans
le
show-
business,
mais plutôt,
dans ce troisième
type, par la participation
de beaucoup dans un imprévu
subtilement contrôlé. La distinction
entre les vedettes et le public s'estompe.
L'important est qu'il se produise quelque chose.
On a parlé de "sérendipité sacrée". Quand
j'ai trouvé ce mot la première fois
dans un livre, je ne l'ai
pas compris. Je
n'ai rien
trouvé
dans
le
dictionnaire,
mais j'ai demandé
à un ami anglais : le mot
vient du conte, bien connu en
Angleterre, du prince de Serendip.
Pour ce prince de Serendip, les choses
tournaient toujours autrement qu'on l'avait prévu.
Dans l'église "happening", il y a une atmosphère
de "sérendipité". On ne sait pas ce qui va
arriver, mais on attend, on attend !
Les chants et la musique y
jouent un rôle
important
sur
un mode
spontané et
répétitif. La parole
a beaucoup de place, mais
dite de façon très diverses par des
participants différents. L'accent porte
sur la communication surnaturelle directe
. D'autres dons permettant l'événement
s'y associent. On considère le
foisonnement comme une
manifestation
de la
vie.
Quatrième
type : l'église
restaurant. Ou on peut
élargir : "entreprise de services :
restaurant et plus largement". Elle se
compare aussi à l'église "théâtre" dans sa
version show-business. Le point commun, c'est la
place de l'organisation. La place du management,
même du "merchandising", des techniques
modernes, et de l'offre au public d'un
produit susceptible de l'intéresser.
Seulement l'offre, à la différence
du théâtre, ne concerne
plus tellement la
dimension
du
spectacle.
L'église de ce
quatrième modèle
propose une variété de
"nourritures" : nourritures
spirituelles, sociales, psychologiques
, enseignements, activités de groupes
(jeunes, femmes, hommes, anciens,
conseils personnels, conseils
conjugaux, etc.). Il arrive
que ce type évolue
vers le modèle
d'un "centre
de
secours
social". Cette
église met à disposition
des spécialistes, sous la direction
d'un pasteur qui doit savoir
gérer une entreprise
complexe.
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