Massada
est un monticule rocheux
de 300 mètres de haut situé
en plein désert sur la rive orientale de la mer Morte.
Son nom, de l’hébreu Messuda,
signifie « forteresse ».
C’est au tournant du premier siècle
avant notre ère,
à l’époque des Hasmonéens,
que Massada fut d’abord utilisée comme forteresse.
Mais c’est Hérode le Grand
qui a entrepris les travaux les plus importants.
Hérode était un grand bâtisseur,
et le récit évangélique du « massacre des innocents »
(Mt 2,13-18)
illustre cependant bien deux aspects réels
du personnage :
Hérode était un monarque cruel et paranoïaque.
En fait, il n’avait pas tout à fait tort
de croire que la population pouvait se rebeller
à tout moment,
et c’est dans cette optique qu’il a fait construire
différentes forteresses dans tout son royaume,
et notamment Massada.
Il a fait de cette forteresse naturelle
une place-forte imprenable
en ceinturant toute sa surface d’une muraille
et d’une trentaine de tours de guets.
Et bien sûr, avec Hérode,
sécurité n’est jamais incompatible avec luxe et confort.
C’est ainsi que Massada
fut dotée de palais où on pouvait retrouver
tout le faste de n’importe quel palais royal.
Le palais le plus majestueux de Massada
était le « Palais Nord », érigé en flanc de montagne
sur trois niveaux.
Mais comment peut-on survivre
au sommet d’un piton rocheux en plein désert?
L’eau potable provenait de wadis
à proximité et était acheminée par deux aqueducs
jusqu’au pied de Massada
où des esclaves la portaient ensuite
jusqu’au sommet du rocher.
On récupérait aussi l’eau de pluie.
Toute cette eau était conservée
dans des citernes géantes creusées dans le roc
. L’eau à Massada n’était tellement pas un problème,
qu’on s’était même permis d’aménager
non seulement quelques bains rituels
(mikvaot), mais aussi des bains publics,
des thermes!
Hérode et son entourage
pouvait s’y prélasser, en plein désert...
L’eau permettait aussi,
bien sûr, d’arroser les jardins potagers.
Pour la conservation des aliments,
de grands entrepôts avaient été aménagés;
on y stockait de la nourriture
mais aussi des armes
et des outils.
C’est cette importante infrastructure
ainsi que l’inviolabilité de Massada qui,
lors de la première révolte juive,
celle de 66-70,
permirent à cette forteresse
de devenir le dernier bastion
de la résistance juive.
Après la mort d’Hérode,
Massada était passée aux mains
de son fils Archélaüs,
et avait accueilli ensuite une garnison romaine.
Au cours de la révolte juive,
des groupes de rebelles juifs et leurs familles
parvinrent à se réfugier à Massada.
Environ un millier de rebelles,
sous la conduite de leur chef Éléazar ben Yaïr,
résistèrent au siège romain pendant
plus de six mois.
Jérusalem était tombée
depuis trois ans
lorsque Sylva et ses troupes
parvinrent enfin à pénétrer
dans l’enceinte de Massada.
Mais derrière la muraille,
les Romains ne découvrirent que des cadavres :
953 individus, les rebelles et leurs familles,
s’étaient donné la mort plutôt que de se rendre.
Seuls deux femmes âgées
et cinq enfants avaient survécu,
cachés dans les aqueducs.
Les rebelles avaient tout brûlé à l’exception des vivres,
pour bien montrer aux Romains
que ce n’est pas la famine qui les avait poussé à se suicider,
mais bien leur
« résolution première de préférer la mort à la servitude »
(Guerre juive VIII,6).
C’est ainsi que prit fin la première
révolte juive.
Deux mille ans plus tard,
Massada est devenue en Israël
un symbole fort pour le peuple juif.
c’est à Massada
que les nouveaux militaires israéliens
prêtent serment, par la formule
« Massada ne tombera
plus jamais ».
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