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2008-10-28T07:36:00+01:00

plainte

Publié par sulamite -


« II y a

une seule chose

que Dieu lui-même ne sait pas faire [...]:

faire que les choses faites n’aient jamais été faites»

Dès lors, comment la foi chrétienne posera-t-elle

la question de la mé-moire blessée?

Il est clair qu’avoir souffert ne passe jamais,

car oublier son histoire reviendrait à perdre son identité -

et il avait peut-être fallu beaucoup de temps

pour retrouver les traces

de cette histoire de souffrance.

Mais est-ce là une calamité ?

Ne peut-on pas dire la même phrase sur un autre ton ?

Souffrir passe, la paix vient ou revient,

et elle transfigure à jamais la mémoire blessée.

Certes, « avoir souffert » demeure

mais c’est comme le souvenir de ce précieux Vendredi saint

sans lequel on n’aurait jamais consenti à sauter dans le vide

et connu les bras du Père...

Il y aurait lieu de se réjouir de ce que « avoir souffert» ne passe jamais !

Une fois la guérison survenue,

non seulement le souvenir de la maladie ne serait pas effacé,

mais il deviendrait, paradoxalement,

la part vive de la guérison !

Cependant, une telle expérience

suppose que « souffrir» ait réellement «passé».

Or, les assemblées chrétiennes

ne sont-elles pas largement constituées de personnes

dont la souffrance n’a pas passé,

dans les deux sens du terme :

à la fois elle est interminable et elle n’est pas accueillie favorablement,

ni par l’entourage ni par la communauté ecclésiale

elle ne « passe » pas, comme on le dit de certaines paroles

ou de certains comportements.

On peut même se demander si leur souffrance

n’est pas interminable

parce quelle n’est jamais accueillie favorablement,

dans les termes précis où elle

désirerait s’exprimer.

Si souffrir passe

dans l’exacte mesure où la plainte est entendue,

ne faut-il pas constater aujourd’hui la rareté des lieux

où elle peut se dire?

Peu de ministres offrent un accompagnement pastoral de ce type,

en dehors des hôpitaux, prisons, etc.;

l’entourage et la société continuent à valoriser

celui ou celle qui «ne se plaint jamais»;

l’assemblé cultuelle suit encore largement le schéma réformé

repentance-pardon sans donner d’attention à la mémoire blessée.

En outre, on peut parler d’une véritable dé-mission de l’Église,

ces dernières décennies,

quant à l’accueil pastoral et communautaire de la plainte :

ju-gée anormale, l’expression de la plainte provoque rapidement

le renvoi chez le «psy», et la liturgie dominicale

tend à rassembler exclusivement des personnes qui imposent silence

à leur mémoire blessée.


000

 


 


 


commentaires

P
Bien tochant mais tellement vrai.
Répondre

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