Qu'en est-il
de la liberté dans la Bible ?
• En Hébreu,
dans la langue du Premier Testament,
le vocabulaire conceptuel de la liberté
est assez peu représenté,
il n'y a d'ailleurs pas vraiment de substantif
pour exprimer cette notion.
La racine verbale hébraïque pour dire l'idée de liberté est
HaPhaSh,
mais ce verbe n'est utilisé qu'une fois,
dans le livre du Lévitique (19,20)
pour parler d'un cas de non-affranchissement d'une servante.
Dans 16 autres passages, c'est l'adjectif
HoPhShY
qui exprime l'absence de contrainte,
comme en Job 39,5 avec cette question de Dieu
“Qui a mit en liberté l'âne sauvage ...?”
Mais il faut bien dire que la liberté comme concept
la liberté abstraite est étrangère aux textes
du Premier Testament.
En revanche,
la réalité concrète d'un état de liberté est souvent évoquée ;
ainsi, dans la plupart des passages où l'adjectif
HoPhShY apparaît, c'est pour exprimer
l'affranchissement d'un esclave, la libération d'une contrainte,
l'élargissement d'un prisonnier
“ Le jeûne que je préconise – dit Dieu–
n'est-ce pas celui-ci :
détacher les chaînes de la méchanceté,
dénouer les liens du joug,
renvoyer libres ceux qu'on écrase,
et rompre le lien de tous les jougs ? …”
Esaïe 58,6
Enfin, il y a tous les récits qui n'emploient pas
de terme spécifique et qui cependant
racontent la fin de l'esclavage ou
la fin de l'oppression
grâce à l'intervention d'un Dieu qui ‘sauve’,
un Dieu qui “fait échapper à la menace de l'ennemi”,
qui fait “s'échapper” (PaLaT),
un Dieu qui fait “sortir de la maison de servitude”,
un Dieu qui met fin à l'exil,
un Dieu qui ‘renvoie’(ShaLaH) libre.
Terminons cette énumération incomplète
par ce passage d'Esaïe 61,1,
repris par Jésus en Luc 4,
dans sa prédication à Nazareth :
"... Le souffle du Seigneur DIEU est sur moi,
car le SEIGNEUR m'a conféré l'onction.
Il m'a envoyé porter une bonne nouvelle aux pauvres,
panser ceux qui ont
le coeur brisé,
proclamer aux captifs leur libération
et aux prisonniers leur
élargissement, ...”
Dans ce passage, c'est un mot rare
(10 fois seulement dans la Bible Hébraïque)
qui est employé pour dire la libération générale,
la libération jubilaire, c'est le mot
DRÔR.
Un mot qui dans d'autres acceptions
signifie » mouvement rapide »
un flot, le libre cours
ou encore “goutte de myrre
on le sent bien,
si l'hébreu ne disserte pas de façon conceptuelle
sur la liberté, son parfum
est bien là !
Bref, dans la Bible Hébraïque,
la liberté n'est pas d'abord une notion philosophique,
mais une expérience concrète
de libération.
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