j’avais
participé à
l’eucharistie avec les
détenues, parce que des amis
animaient la célébration, et que j’étais
de garde ce jour-là. C’était l’épiphanie. Dans la salle de
spectacle transformée en chapelle, il y avait une crèche
devant l’autel et une grande croix de bois, sur
le mur. Plus de 180 femmes étaient
présentes, sur un total de 250
détenues
(ce
qui en fait
la paroisse la plus
pratiquante de France)
. Parmi elles, certaines de mes patientes,
pas vraiment chrétiennes, délinquantes notoires
et éminemment sympathiques. Au moment de la
communion, toutes s’avançaient, et celles
qui n’étaient pas baptisées ou ne
communiaient pas avançaient
aussi les bras croisés
sur la poitrine.
Tout à coup,
je me
suis
rendue
compte que
près de dix d’entre elles,
peut-être celles dont la vie était
la plus cassée, étaient tombées à genoux
devant la croix. La crèche, elles étaient passées devant
presque sans la voir. Mais la croix, et ce type cloué
dessus, elles avaient intuitivement compris que
c’était leur histoire. Elles étaient à genoux
devant l’homme cloué là, qui avait
choisi d’être du côté des
coupables, sans
les accuser,
pour
partager
leur sort jusqu’au
bout, et définitivement.
Où serait l’Eglise du Christ
si elle n’était pas là
d’abord?
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