Seigneur,
c'est aujourd'hui
lundi.Je suis sortie, et j'ai vu
flottant aux fenêtres et sur les balcons,
ici et là, dans le creux du béton,
mosaïque bigarrée,éclatante
de couleurs sur le gris des
immeubles,le linge
qui séchait.
Le
vent
faisait
chanter les
notes multicolores
sur la portée des fils.Et
j'ai entendu murmurer à
l'oreille de mon cœur,la
chanson de la peine,
et celle de
l'amour :
Linge
sali,
linge lavé,
linge séché,linge
repassé, et sali de nouveau,
pour être relavé,reséché
repassé.Linge
pour
mon
mari,linge pour
mon fils,linge pour ma
fille,et le mien entre deux.
Linge de la semaine, jusqu'à l'autre
semaine,de lessive en lessive,
de séchage en séchage,
de repassage en
repassage.
Seigneur,
je t'offre ce soir,
pour toutes celles qui
ne te connaissent pas,ou
pour toutes celles qui ne pensent pas
à te prier,ce linge plus blanc,
plus doux,plus souple.
Ce linge qui sent bon
l'amour
des
mamans,
et celui des épouses.
Je t'offre tous ces gestes
quotidiens,qui mille fois répétés,
tissent de belles vies dans l'ombre,
merveilleuses vies des humbles,
qui savent qu'aimer c'est durer,
bien au-delà des lassitudes.
Mon petit, l'ai-je dit ?
Je te le dis,
et dis-le
à
tes
frères :
« Le Royaume
des cieux est semble à
une femme,qui pendant une
vie entière,du linge sale en fait du linge
propre,non par le pouvoir de lessive
miracle,mais par le miracle
de l'amour,chaque jour
donné.»
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