Dans
sa réflexion
autour des échecs dans
nos parcours de vie, Manfred
Engeli aime rappeler la distinction
suivante. Lorsqu’on parle d’échecs,
il y en a de deux sortes : les évitables et
les inévitables. Les échecs évitables, ce sont
ces échecs où avec un peu plus de travail,
de persévérance ou d’amour on aurait
réussi l’examen, la course ou la
rencontre. On peut aussi éviter
de se trouver en situation
d’échec en réfléchissant
à la manière dont on
se fixe des buts.
« Un
jeune
homme,
explique Manfred
Engeli, souhaite conquérir
le coeur d’une jeune femme.
S’il n’y parvient pas, il le vivra
peut-être comme un échec. Mais
gagner l’amour de quelqu’un, est-ce
un but justifié et valable ? » En fait pour
ce psychothérapeute, nous nous fixons souvent
des objectifs qui dépendent de la liberté
d’autrui. « On s’expose alors à
connaître constamment des
échecs en procédant
ainsi. Nos buts
doivent
dépendre
de nous-mêmes
et pas de la volonté
et de la liberté d’autres
personnes. » Redéfinir ses
buts permet ainsi d’éviter
de se trouver en situation d’échec.
Les échecs inévitables, ce sont des
événements qui interviennent dans notre
vie et qui sont totalement indépendants
de notre volonté. Pour évoquer de tels
échecs, Manfred Engeli aime citer
des expériences tirées de sa
pratique thérapeutique.
« Dans
l’accompagnement
de personnes, explique-t-il,
on peut accomplir un travail de
qualité et connaître l’échec, parce
que votre interlocuteur ne vous autorise
pas à lui venir en aide. A chaque
offre que vous lui faites, vous
essuyez un refus. Ces
accompagnements
qui se terminent,
du côté de
votre
vis-à-vis,
par un refus
de faire un bout
de chemin, sont les
échecs professionnels
les plus difficiles que j’ai
vécus. Ils ont été plus difficiles
à vivre que ceux où je voyais
largement ma part de
responsabilité dans
les mauvais
résultats
de
la thérapie. »
Par rapport aux
échecs inévitables,
Manfred Engeli plaide
pour que nous quittions
une « compréhension naïve »
de l’existence. Souvent nous pensons
que nous avons droit au bonheur,
et tout ce qui vient entraver ce
bonheur est perçu comme
un échec. « La vie
humaine est liée
à beaucoup
de
difficultés
et de malheurs
que nous ne choisissons
pas, martèle-t-il. Avoir conscience
de cela, c’est déjà faire un
premier pas qui
permettra,
face
à une
difficulté
ou à un échec,
de se dire :
ça m’est
arrivé !
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