L’enfant
est normalement
aimé de ses parents d’un
amour tendre et protecteur.
Il ne connaît que la tendresse et n’est
pas encore prêt à vivre et à ressentir l’amour objectal,
c’est à dire l’amour passion éprouvé entre deux
adultes qui est toujours une ambivalence
entre l’amour et la haine.
En pratiquant
l’inceste,
on fait ressentir
« de force » cette agressivité
à l’enfant. On casse donc le schéma
et l’évolution du sentiment amoureux chez
l’enfant, ce qui revient à une mise à mort de ses
capacités amoureuses. Ainsi l’enfant n’est alors plus un
enfant, ni même un adulte, il n’a plus de place, il est
dans un non-lieu par rapport à l’amour
et à la sexualité. Mais aussi, le
désaveu des adultes
, leur déni,
leur silence par rapport
à un inceste accentuent encore cette
notion de mise à mort ou d’aliénation infantile.
La peur est omniprésente, revient à chaque
occasion : rêves et cauchemars,
toute image évocatrice
à la télévision
ou autre,
devant tout homme
. Mais surtout, la victime a peur
de sa propre peur ce qui la rend sans
défense dès que les premières
intentions de son agresseur
surviennent.
La honte
pour deux, pour
soi-même, bien sûr, mais
plus paradoxalement pour
son agresseur. Cette honte est d’autant plus
incompréhensible qu’elle est totale, sans
rémission. Les tentatives
de l’entourage
de faire
comprendre à la
victime que ce n’est pas
à elle d’avoir honte sont vaines
et exacerbent même ce sentiment.
Cette honte est parfois à l’origine d’une
minimalisation de l’agression subie (minimalisation de
la fréquence, gravité, géographie corporelle agressée, etc.).
La honte et le dégoût d’un corps souillé qu’aucune
toilette ne peut purifier.
La culpabilité
est très
forte
et omniprésente
et les tentatives de
l’entourage d’aller à l’encontre
de cette culpabilité sont là aussi totalement
vaines. Car cette culpabilité fait partie d’une recherche
de faute, de raison (« Pourquoi moi ? »),
même si cette recherche est
mal orientée.
Le plaisir
est, logiquement,
assez rarement évoqué
chez l’enfant, il est bloqué dans la chair.
Et c’est par l’explosion de cette émotion et de
toutes les émotions, que peut enfin aussi
exploser le refus de l’agresseur.
Le plaisir représente aussi
une excuse malvenue
souvent utilisée
par les agresseurs
alors qu’on sait que son acte
n’avait pas pour ambition de procurer
un hypothétique plaisir à l’enfant, mais bien
uniquement de satisfaire son
plaisir égoïste et
dévastateur.
Les
réactions
de l’enfant au moment
de l’agression renvoient toujours au désert
des mots. L’organisme tout entier, sidéré dans l’immobilité,
peut aller jusqu’à la simulation du sommeil ou
l’enfouissement dans la torpeur. Le mutisme,
la rareté des larmes et cette chair muette,
empêchent donc l’accès à cette
souffrance et ce chaos
intérieur.
Les
symptômes corporels
sont absents ou variés et multiples.
Il est à noter que ces symptômes corporels
apparaissent aussi avec d’autres malaises psychologiques
et/ou physiologiques. Ceux-ci ne sont donc pas une
preuve qu’il y ait agression sexuelle
infantile, mais plutôt que l’enfant
éprouve un malaise
quelconque
assez
profond.
Voici la liste non
exhaustive de ces symptômes :
- maux de tête
- maux de ventre
- démangeaisons
- prurit génital
- apathie (indolence, inertie)
- excitation
- fous rires frénétiques
- insomnie ou hypersomnie
(augmentation pathologique du temps de sommeil)
- cauchemars et conduite somnambulique
- énurésie
- troubles du tube digestif
- anorexie (maladie psychique observée
essentiellement chez la jeune fille,
caractérisée par un refus
de se nourrir
dû à une
peur intense de prendre
du poids ou de devenir obèse et à une image
déformée de son propre corps. Ce trouble
du comportement alimentaire
est associé à un
amaigrissement et
à un arrêt des
règles.)
et boulimie
(trouble du comportement
alimentaire d’origine généralement psychologique,
caractérisé par la consommation de grandes quantités
de nourriture survenant le plus
souvent par
crises)
- automutilation (mutilation sur soi-même,
volontaire ou résultant d’un
trouble mental)
- dépression
nerveuse générale (trouble mental caractérisé
par des sentiments de découragement,
de culpabilité, de tristesse,
d'impuissance et
de désespoir
. Contrairement
à la tristesse normale
ou au chagrin causé par la perte
d'un être cher, la dépression clinique
est une tristesse persistante et profonde,
sans raison apparente. Elle peut
s'accompagner de divers
symptômes,
troubles du sommeil
et de l'appétit, perte de l'esprit
d'initiative, autopunition, retrait social,
inactivité et perte du
plaisir.)
L’école
est également
un terrain d’observation :
la descente
en flèche des résultats
scolaires dès les premières
agressions ou au contraire l’implication
frénétique dans le travail scolaire pour compenser
un corps souillé et vide de toute joie de vivre
par une grosse tête bourrée de savoir,
peut signifier l’agression sexuelle
enfantine, mais, encore une fois,
cela peut signifier tout
autre chose.
Beaucoup
d'enfants se dissocient
de leur corps pendant l'acte. Ce qui peut
amener à des troubles de mémoire
et à des multiples
personnalités.
LAURENT HECK
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