L’
Évangile
est mystérieusement
sans contenu de règles , sans
législation, sans méthodes ascétiques
ou mystiques, sans philosophie,
au sens ordinaire
du mot.
I1
est au dessus
et plus au fond, par
delà et en amont, non point
le noyau mais le cœur du noyau.
En ce monde, point de ce monde.
L’Évangile sera toujours inscrit.
Entreprise redoutable.
Elle prête à
déviance.
Car
il faut que
l'Évangile prenne
figure en ce monde,
parmi les choses humaines ;
mais cette figure, à chaque fois,
est menace de sa perte. Pour ce qui
nous importe ici, ce seront les
figures de l'homme parfait,
de l'homme accompli,
que désigneront,
dans le langage
courant
du
monde
religieux ,les
mots redoutables
de saint et de
sainteté
« Jean
est venu
ne mangeant
ni ne buvant, et vous
dites que c’est un possédé.
Le Fils de l’homme est venu mangeant
et buvant et cours dites que c’est
un ivrogne et un glouton. »
Les plus proches du
Christ seront ses
apôtres ou
envoyés.
Non
point sages
sur la montagne
ou reclus au fond des
grottes, mais courant le monde,
offerts aux hommes, aussi à l'aise,dira
Paul, dans l'abondance que le dénuement;
hommes de la parole, dans l'action , brassés
dans le grand pétrin de la pâte humaine.
Quand la foi chrétienne se
fait ascétique, qu'est-ce
qu'elle fait au juste?
L'union entre
l'Évangile
et
l'ascèse
ne va pas de soi.
L'Évangile est amour.
Le cœur de l'Évangile, le cœur
de Dieu, c'est agapê, la très pure
et brûlante tendresse qui enveloppe et
enflamme tout l'homme. Car c'est feu. C'est
plus violent que le désir. C'est le grand
divin désir qui n'aspire qu'à
l'amour même...Cet
amour ne délie
pas de la
douleur.
Il la
fait lever
au contraire.
Il révèle au monde
sa douleur inconnue.
Il ne la dissout pas – ce serait
quitter l'homme – il la traverse et la
transfigure. Non qu'il aime la douleur :
comment l'amour aimerait-il la
douleur ? Sa substance est
toute joie, l'amour n'est
que jubilation. Mais
parce qu'il aime,
l'amour préfère
pâtir que
moins
aimer
commentaires