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Leurrés
par cette confusion
initiale- peut-être inévitable -
nous nous employons à rendre nécessaire
le temps de la prière : conditionnement qui fait payer
du prix de la culpabilité tout manquement à la règle.
Ainsi, nous avons appris à nous retirer
de nos occupations pour nous
livrer à la nourrissante
ferveur de
l’esprit.
Nous avons
jalousement isolé une heure,
plus ou moins, dans nos journées,
ce temps fort dont progressivement nous
avons pris l’habitude et dont nous gardons, si déjà nous
l’avons abandonné, la secrète nostalgie. Nostalgie de la
mauvaise conscience, habitude de la bonne, l’heure
de silence - le temps devenu objet – nous
garantit que nous sommes en prière.
Nous en retirons satisfaction.
Et pour nous persuader que
nous écoutons vraiment
Dieu dans la prière,
nous donnons
à la
fade
habitude
le nom de besoin
vital. La satisfaction imaginaire
que nous en éprouvons nous conduit à
l’affirmation de l’objet-Dieu forgé de toutes pièces
. Un jour, ce que nous prenions pour
du sel viendra à s’affadir
Pareillement,
pour
trouver Dieu,
nous nous appliquons
à fréquenter des lieux où nous
serions assurés de le rencontrer.
On nous a appris à quitter nos bureaux
et nos ateliers, l’endroit dans lequel nous vivons
habituellement, pour aller nous recueillir dans les
maisons de retraite et autres « hauts lieux ».
Comme les Hébreux, nous cherchons
la montagne où Dieu parle
pour la marquer de
la pierre de
notre
adoration.
Le souvenir de
nos pierres levées, de
nos églises et de nos pèlerinages,
nous garantira l’authentique fréquentation
de Dieu. A vrai dire, pourtant, nous sommes au moins
aussi heureux d’abandonner notre montagne que
nous l’avions été d’y arriver. Le Dieu cherché
n’est pas là, nous n’avons retrouvé
que nous-mêmes. Décidément,
où est-il ?
« Nos
pères ont adoré
sur cette montagne
et vous, vous dites c’est à Jérusalem
que l’on doit adorer… ?
Jn 4,20
Notre
intimité
avec Dieu a toutes
les peines du monde à ne pas
se convertir en ennui, c’est-à-dire en cet
état où précisément l’objet convoité ne répond pas
au besoin qu’on croyait en avoir. « Crois-moi,
femme, l’heure vient où ce n’est ni sur
cette montagne, ni à
Jérusalem que
vous adorerez
le Père »
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