Michael Jackson
a vécu pour le paraître ;
il n’a jamais été rien d’autre
qu’une entité invisible
à force de vouloir paraître ;
quelle contradiction décevante !
À force de vouloir paraître blanc,
lui, le noir, il est devenu
transparent !
À quoi
lui aura servi d’être
le roi de la pop,
l’inventeur d’un petit pas de danse
(le désormais célèbre Moonwalk
largement inspiré du mime Marceau)
qui a fait sa gloire,
le vendeur de sept cent cinquante
millions de disques,
pour finalement finir sa pauvre petite vie
avec cinq cent millions de dollars
de dettes,
et au moins autant de soucis ?
De la poudre aux yeux, que tout cela,
me direz-vous !
Oui,
mais c’est si pathétique
en même temps.
Je pense à la femme
d’un certain roi d’Israël,
Jéroboam,
à qui un prophète dira un jour :
« Pourquoi veux-tu te donner
pour une autre ? »
1 Rois 14.6
C’est ce que certains
nomment le syndrome de Zorro ;
on porte un masque
pour dissimuler son vrai visage.
Alors oui,
vous pouvez-y aller de bon cœur
sur Michael Jackson,
taper sur le baudet à bras raccourcis ;
le citer comme étant
le contre-exemple parfait
pour notre jeunesse etc., etc.
Et vous aurez raison !
Mais n’y a-t-il
pas dans notre génération
des millions de gens
qui lui ressemblent, finalement ?
Qui n’aiment pas
ce qu’ils sont,
qui voudraient
être quelqu’un d’autre,
et qui, avec leurs moyens,
tâchent de changer ce qui leur déplaît
en eux-mêmes ?
La chirurgie esthétique
n’est qu’un moyen visible bien commode ;
il faut changer,
c’est le cri d’une génération à l’agonie !
La réalité,
c’est que nous vivons
dans le superficiel pour tout ;
que nos relations
sont superficielles, faites d’apparences,
sans fondement ;
que notre vie est faite de frimes
et de mousses, même involontairement.
Nous sommes pris
dans le tourbillon de l’apparence,
de l’image !
Nous aimons une gloire
qui est si passagère !
Il faut séduire
avec nos masques à la mode ;
il faut plaire
et d’abord se plaire,
quitte à se mentir
et à se tromper soi-même !
Symbole de l’histoire de la femme
de Jéroboam –
bien avant Michael Jackson –
l’émergence incroyable de sites
de rencontres tel Meetic par exemple,
où là, il est facile
de paraître un autre.
Et que dire de Facebook,
où c’est au moins
un phénomène équivalent,
mais rapporté (en principe)
au niveau de l’amitié.
Ne plus avoir l’air
de ce qu’on est vraiment ;
faire croire qu’on est mieux
que ce qu’on est
en réalité !
Allez-y,
ne vous privez pas,
tapez sur Michael Jackson
autant que vous voudrez,
il ne vous répondra plus.
Il est mort de sa misère,
et ce serait bien,
pour une fois,
que les chrétiens fassent preuve
de pudeur à l’égard
d’un mort célèbre.
Je n’étais pas fan du tout
de ce qu’il faisait,
loin de là,
mais j’aimerais vous dire
qu’il n’est que l’épiphénomène
d’une génération perdue,
le symbole étrange
d’un monde préférant se mentir
que de se voir soi-même
comme il est vraiment.
Il nous renvoie notre vrai visage,
celui de notre propre misère,
et voilà en quoi ce pauvre homme
était si dérangeant !
Tous, nous préférons
le paraître
à l’être ;
pourtant le paraître
est trompeur ;
ce qui va rester,
c’est l’être,
ce que nous sommes en réalité,
et ça, c’est terrifiant
pour beaucoup, pour ne pas dire tous !
Il faut accepter
de faire tomber les masques ;
en aurons-nous le courage ?
Nous sommes tous désormais
tellement habitués à en porter !
La société de l’image
a renforcé encore davantage
ce rejet de notre vrai visage !
Pourtant,
ce qui me semble encore tellement
incroyable aujourd’hui,
c’est que l’Évangile affirme
que Dieu nous a aimés
et nous aime encore tels que nous sommes,
et non tels que nous cherchons à paraître !
Rien que cela devrait
nous réconcilier avec nous-mêmes ;
mais je crains
qu’il y ait encore tellement de travail
avant que nos masques
tombent enfin !
Le temps du pardon
n’est-il pas venu dans ce domaine ?
Moi, j’aime porter un masque parfois,
et je pense qu’il est bien
que je sache vous demander pardon
de l’avoir fait !
Je ne suis pas meilleur qu’un
« Michael Jackson », ou qu’une
« femme de Jéroboam » ;
c’est difficile à admettre,
c’est humiliant, mais c’est vrai !
Et vous ?
Soyons délivrés du « paraître »
pour revenir à l’essentiel :
l’« être » !
S Foucart
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