Religion
En grec, un des mots traduisant cette notion
est thrêskeia
ainsi que l'adjectif thrêskos
qu'on traduira par religieux.
Or ces mots n'apparaissent que dans 4 textes du Nouveau Testament
Le mot religion ne vient que rarement
sous la plumes des auteurs
de la Bible.
le mot latin religio
(dont vient le mot ‘religion’) a deux étymologies possible :
le verbe religare, ‘relier’, et la religion serait ce qui relie, rassemble les humains,
et le verbe relegere, ‘redire’
et la religion serait fondamentalement ce qui naît de la reprise
de générations en générations des mêmes traditions, mythes, récits, lois
et autres discours religieux.
Or, avec ce mot grec thrêskeia,
nous sommes sans aucun doute dans le domaine de la répétition,
de la religion en tant que reprise, transmise,
reçue et redonnée.
Ce mot apparaît dans un interrogatoire.
celui de l'apôtre Paul interrogé par les autorités romaines
à l'issue de son arrestation à Jérusalem
puis de son transfert à Césarée.
Amené à décrire son cheminement spirituel Paul commence ainsi :
“J'ai vécu en pharisien, selon le parti le plus strict
de notre religion. ”
Act 26,5
Ici , la religion est ce qui a été transmis,
ce que Paul a reçu et dans lequel on peut imaginer
qu'il a été éduqué au même titre
que les personnes qui l'accusent.
Le ton se fait plus polémique dans le texte suivant,
Paul, s'adresse , dans la lettre aux Colossiens,
à un groupe de chrétiens issus du paganisme
et à qui des prédicateurs chrétiens voudraient imposer
des règles propres au Judaïsme :
“...Que personne ne vous juge à propos de ce que vous mangez ou buvez,
pour une question de fête, de nouvelle lune ou de sabbat :
tout cela n'est qu'une ombre de ce qui est à venir, mais la réalité,
c'est le corps du Christ.
Ne vous laissez pas frustrer par les gens qui se complaisent dans
‘l'humilité’ et le culte (la ‘religion [thrêskeia] )
des anges’ au gré de leurs visions ; ils sont gonflés de vanité
par la pensée de leur chair.”
Colossiens 2,16
la question des aliments,celle des jours chômés,
signale que l'auteur
se situe sur le plan des pratiques extérieures de la religion.
Quant à cette mystérieuse “religion des anges” à laquelle il fait allusion,
on peut se demander s'il s'agit de la foi en l'existence des anges,
un sujet controversé au sein même du judaïsme
voir Actes 23, 8
ou plutôt d'une véritable dévotion envers les anges,
dévotion dénoncée par ailleurs notamment dans
Apocalypse19,10
. Cette religion en tous les cas est pour l'auteur une expression de la vanité,
une vaine pratique en ce qu'elle n'apporte
rien de plus au croyant.
La 4eme occurrence du mot thrêskeia, religion,
“Si quelqu'un se considère comme un homme religieux [thrêskos],
alors qu'il ne tient pas sa langue en bride,
mais qu'il se trompe lui-même, sa religion [thrêskeia]
est futile.
La religion [thrêskeia]
pure et sans souillure devant celui qui est Dieu et Père
consiste à prendre soin des orphelins et des veuves dans leur détresse,
et à se garder de toute tache du monde.”
Jacques 1,-27
Ce texte ne prône pas “la religion”
mais s'adresse à toute personne qui se préoccupe de religion
et fait profession de suivre une religion.
A ceux-là l'auteur propose une conduite faite de modération,
notamment dans les propos, et d'attention
aux plus faibles, veuves
et orphelins.
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