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2017-12-20T08:02:24+01:00

conte(1)

Publié par sulamite -

20

Décembre 2012

—   Plus que quelques jours…

c’est ça, docteur ?

—   C’est ça !

Quelques

jours pour trouver

un donneur. Ces mots

résonnaient dans ma tête. En

boucle. Quelques jours pour trouver

un donneur. Une espèce de contre-la-montre…

sauf que la montre, là, c’était ma vie.

On avait déjà regardé dans

ma famille proche.

Ma sœur n’était

pas prête

à donner

son

rein. Elle

était porteuse

de la même maladie

que moi, même si elle ne s’était

pas encore déclarée. Elle avait deux enfants

en bas âge… Bref, je la comprenais. Une de mes

cousines, par contre, s’était proposée. Ça fait

bizarre, quand même, de penser qu’une

personne qu’on ne connaît

pas très bien (on se

voit une fois

par année,

à la

rencontre

des cousins,

t’imagines…), est

prête à donner un de ses

organes,à se priver de quelque

chose de quasi vital, pour que je

reste en vie, moi.C’était un sentiment

partagé dans mon cœur, parce

que je savais que j’en

avais besoin.

Je

ne

pouvais

décemment

pas refuser… et en

même temps, ça me gênait

d’être redevable. Ça gêne de recevoir

tant, de la part de quelqu’un qui ne nous doit

rien. Pas si simple d’accepter ; pas

si simple de recevoir, quand

on n’a rien fait pour le

mériter.

 

 

 

conte(1)


 

C’était

une des premières

fois de ma vie que je me

retrouvais dans une telle situation de

faiblesse ; on ne peut pas dire que j’ai aimé !

Et en même temps, c’était la réalité : j’avais besoin

d’un rein ! Si je n’en trouvais pas, ma femme perdrait

un mari, ma mère un fils, mes enfants un père, et moi

la vie. Du coup, j’avais appelé ma cousine, lui avais dit

combien j’étais gêné, et en même temps reconnaissant.

Tellement reconnaissant ! On a choisi un jour,

on a fait l’opération… Ça semblait aller

comme sur des roulettes Les

médecins m’ont

certainement

bien

expliqué, je

n’ai clairement

rien compris. Il y a des moments

où on n’a pas besoin d’explications. C’est pas

le moment. La science a besoin d’une explication ; le malade,

lui,a besoin d’une présence. Bref, j’arrête de m’apitoyer sur mon

sort, désolé. Ce dont je me souviens, c’est que, pour une raison

x ou y, la greffe n’avait pas pris. Ça, c’était clair. On n’était

pas à 100 % compatibles… Le risque que « ça ne

 prenne pas » était minime pourtant, du style

une chance sur  dix mille.Pas de bol.

Pour une fois que j’étais

gagnant !Ma

cousine

avait

perdu un rein,

à cause de moi.

Et moi, je n’avais rien gagné

du tout. Ce n’est pas elle qui avait fait faux,

ni moi… c’était juste mon corps à moi qui avait rejeté une

partie de son corps à elle. Depuis cette opération, je n’avais pas

retrouvé de rein, ni de donneur. Raison pour laquelle, ce matin-là,

lors de la visite médicale, j’ai osé le   Plus que quelques jours…

c’est ça, docteur ?—   C’est ça !En désespoir  de cause,

j’ai écrit un mail que j’ai envoyéà tous mes contacts,

publié un selfie sur Facebook : « Trois jours

pour trouver un donneur ». Il a été liké 

des milliers de fois, partagé des

centaines de fois. Moi qui ne

suis pas croyant, j’ai prié pour

que ça marche, prié

pour que ça

prenne.

Et

ça a pris… ça a

marché !En quelques jours, on a

trouvé un donneur. Un donneur

100% compatible, un

donneur anonyme.

L’opération

s’est

bien déroulée,

le 15 décembre (joli cadeau

de Noël avec dix jours d’avance !), la greffe

a fonctionné. Je suis vivant, encore  aujourd’hui.

Je suis sauvé. Ça n’a pas de prix. Je vais voir mes enfants

grandir. Je vais passer l’année ! Je  dois la vie à quelqu’un que je

ne connais pas… c’est un peu étrange, mais  c’est comme ça

.Ça donne envie d’être reconnaissant à chaque instant.

Du coup, aujourd’hui, je me suis promis d’inviter ma

cousine, avec sa famille,  à tous les Noëls de

ma vie !  J’espère qu’elle pourra

déjà venir cette 

année…

 

 

 


 


 


 


 

 


 

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